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LA. TURQUIE NOUVELLE ET L'ANCIEN RÉGIME
prendront davantage, avec les Européennes institutrices,
professeurs de musique et marchandes, faciliteront grande–
ment ces réformes. E t i l n'est pas impossible, malgré les
difficultés, d'entrevoir, en un temps plus ou moins
prochain, le moment où la "vie sociale, dont tant d'in–
digènes rêvent , l'intensité, sera sur le Bosphore ce
qu'elle est partout, où les femmes apportent leur esprit,
leurs grâces et leurs qualités plus sérieuses au commerce
des hommes \
Le 18 septembre dernier, au Jardin public de Bebek, en
une grande fête de charité donnée sous le haut patronage
du prince Mohamed Sabaheddine, vous auriez pu voir, dans
leur costume traditionnel, mais le voile relevé, à de très
rares exceptions près, des centaines de dames turques, assis–
tant pour la première fois à une conférence politique. L'ex–
pression de leurs beaux yeux, leurs battements de mains,
les fleurs qu'elles jetaient au prince eussent suffi à faire
comprendre combien l'orateur avait su les toucher, en évo–
quant le grand rôle de la mère dans l'éducation et, par suite,
dans les progrès et l'avenir de la Nation
2
.
1
«
L a loi sacrée (dit
Vlkdam
du 28 février 1909) prescrit l'instruc–
tion au même degré aussi bien à l a femme qu'à l ' h omme . . . Ce serait
un grand malheur que l'émancipation de l a femme en pleine igno–
rance, à la suite de l a proclamation du nouveau régime... Les savants,
les ulémas avouent qu'une des premières causes, sinon l a principale,
de noire malaise national, est l'enseignement défectueux de notre
monde féminin... Pour doter nos compagnes de toutes les qualités
indispensables aux bonnes mères de famille, c'est-à-dire l'éducation
intelligente de leurs enfants et l a bonne administration du ménage et
de l a maison, il faut nous adresser à l'Occident. »
*
Cité, notamment, dans le
Progrès
(
TTJOOO
S
O;)
d'Athènes, du
13 /26
septembre 1908.
J
'
ajoute que ce n'était point fortuitement que le prince
fit
cet
appel, car l'une des plus grandes souffrances de son exil, pour ce père
si affectueux, si supérieur, ne fut pas seulement d'être séparé
des siens, mais aussi de ne pouvoir s'occuper, comme il l'avaitrêvé dès
le premier jour, de l'instruction
et
de l'éducation
de
s a
gracieuse
Fonds A.R.A.M