L A T U R Q U I E N O U V E L L E E T L ' A N C I E N REGIME
sins. Pour le visage, les tissus noirs, épais, sont depuis
longtemps déjà, remplacés au harem impérial et chez les
hauts fonctionnaires, par des voilettes blanches, presque
aussi transparentes que celles des européennes.
En prononçant ce mot de
harem,
j'ai cru remarquer
parmi mes auditrices un léger sourire. Eh bien ! non, mes–
dames, je vous en prie n'ajoutez pas une foi aveugle aux
artistes et aux poètes, qui ne donnent qu'une idée des plus
fausses, de cette partie de la maison musulmane, exclusive–
ment réservée aux femmes, — si l'on excepte le Palais
Impérial où les 5 et 600 femmes qui l'habitent, depuis les
hanoum effendi
(
les épouses du grand Seigneur) jusqu'aux
odalisques
(
traduisez femmes de chambre ) ou
kadines
(
dames), forment, avec un attristant cortège d'eunuques,
une colonie tout à fait à part, appelée à disparaître défini–
tivement, le harem est tout simplement la partie de l'habi–
tation, où demeurent la mère, l'épouse, les filles, et où les
hommes qui ne font pas partie de la famille, à moins
d'autorisation du mari, n'ont pas la faculté de pénétrer.
Dans les maisons assez vastes et les palais, les hommes
habitent seuls le sélamlick et je ne vous étonnerai pas en
constatant qu'au point de vue des soins du ménage, on s'en
aperçoit parfois trop facilement, malgré le goût des Turcs,
pour certaine propreté. Les circonstances m'ont permis
d'être reçu plusieurs fois dans des harems — honni soit
qui mal y pense ! — et je souhaiterais à tous les ménages
européens de voir les plus délicates convenances et le
respect de la famille tenus en même honneur.
En arabe, le mot
harem
veut dire le lieu interdit, le
sanctuaire; les Musulmans l'emploient, à la fois, pour le
territoire vénéré de la Mecque ou de Médine et pour la
demeure inviolable de la femme, ainsi que pour les femmes
ou la femme qui y habitent,
Remarquez que j'ai dit
la femme ou les femmes,
car la
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Fonds A.R.A.M