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L A T U R Q U I E N O U V E L L E E T L ' A N C I E N REG I ME
à ne substituer jamais la tyrannie collective au despotisme
oVun seul.
Aussi devons-nous faire et faisons-nous, pour l'humanité,
pour l a paix européenne, en faveur du plein succès de cette
révolution pacifique et libérale, les vœux les plus ardents,
nous surtout, Français, que les Ottomans se plaisent à
considérer comme leurs éducateurs et leurs guides, depuis
tant d'années déjà, et qui ne pouvons aller en Orient sans
nous retrouver avec des amis
X
1
L e s j o u r n a u x de Constantinople de l a fin de novembre annoncent
que « le
Comité, Central Union et Progrès,
qu i siégeait à Salonique,
s'est dissous pour se reformer en
Comité occulte, dont le siège reste
inconnu
».
Ils ajoutent que « l a section de Constantinople, qui est une
émanation du Comité central, s'est aussi dissoute et est devenue
Comité secret
».
L e s Ottomans et les Étrangers se demanderont
si tant de mystère, pour cacher le siège et les noms des membres
du « Comité occulte », ou « comité secret » — on dit parfois
Comité Fantôme — est bien nécessaire après l a chute du des–
potisme, lorsqu'il s'agit de remédier à l'anarchie et de s'occuper
«
avec des vues très larges » de l a « prospérité de l'empire ». L e
moindre des inconvénients de ce système c'est l'échapper à toute
responsabilité ; c'est aussi de permettre à des personnalités a u d a –
cieuses et peu scrupuleuses de s'attribuer u n ma nd a t qu'elles n ' o n t
reçu que d'elles-mêmes et que nu l — sans trahir le mystère — n'est
en mesure de leur contester. Non, sous le nouveau régime, les Otto–
mans n'ont pas à se cacher de faire le bien, tout au contraire. E t
l ' Un i o n Progrès n ' a pas à absorber l'omnipotence, surtout l'omnipo–
tence occulte : cet abus aurait u n autre nom .
Voici, d'après le j ou r na l
Ecclesiastiki Aliihia
et traduite par le
journal l a
Turquie
du 1
e r
décembre 1908, l a formule du serment
imposée a u x membres de ce Comité occulte : serment qui ressemble
trop à celui des sociétés secrètes et suspectes.
«
J e jure, sur m a religion et mon honneur, qu'à partir de ce moment
où je me fais
membre du Comité,
qui a pour bu t principal le progrès
et l a prospérité de notre patrie et
Vunion de tous les Ottomans,
je t r a
vaillerai conformément a u x règles et a u x lois du Comité et que je ne
dévoilerai j ama i s aucun
secret
de l a Société à une personne qu i ne
soit pas membre du Comité et surtout a u x membres n ' a y a n t pas le
droit de connaître les
secrets du Comité.
J e jure que je n'hésiterai
Fonds A.R.A.M