LA. T U R Q U I E N O U V E L L E E T
h'
ANCIEN
RÉGIME
79
Liberté? » Et le religieux silence fit place à mille échos qui
répondirent :
evet, evet
(
oui, oui), Mahmoud pacha fut un
juste, un homme honnête et bon ; ce fut un vrai libéral, un
véritable patriote.'
Et comme tout cela était exact! Combien de fois (je mêle
rappelais mieux encore, à ce moment-là) n'avais-je pas
entendu ce mort, depuis son arrivée à Paris, en 1899, dire,
comme son fils le prince Sabaheddine se plaisait à le
répéter, toujours fidèle et respectueux des coutumes et des
lois de l'empire, relatives à la perpétuité de la monarchie
ottomane et de la succession des héritiers des sultans, que
c'était peut-être la première fois qu'on verrait des princes,
personnellement désintéressés, faciliter une révolution dont
bénéficierait le peuple. Ce fut là leur unique ambition, leur
unique orgueil.
Aujourd'hui, cette révolution est faite. L'évolution
commence : que sera-t-elle? Assurément cela dépend des
desseins de la Providence. Mais si cela dépend aussi de la
valeur morale et intellectuelle des hommes qui y prennent
part, je puis l'attester, le prince Sabaheddine sera l'un des
meilleurs ouvriers de la régénération et de la prospérité de
la Turquie ; aucun homme loyal, intelligent et sincère, parmi
ceux qui ont pu connaître ses trop rares mérites, ne le
contestera. Et sachant aussi tout ce que ressent, tout ce
que désire, tout ce qu'espère, la jeune génération ottomane,
des classes libérales, médecins, officiers, ingénieurs, avocats,
etc. etc., les nombreux musulmans et chrétiens, dans l'armée
ou les Comités, dans la presse, dans les fonctions publiques,
je ne crois pas m'avancer trop, en espérant que, malgré les
difficultés, les réformes seront aussi parfaites, que les œuvres
humaines peuvent l'être,
si tous les dirigeants sont, comme
mes amis, sincèrement, loyalement, libéraux,
résolument
décidés à appliquer strictement le
programme d'union
et
d'égalité absolue entre les musulmans et non musulmans et
Fonds A.R.A.M