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L A T U R Q U I E N O U V E L L E E T L ' A N C I E N
R E G I M E
corps ; dans la Corne d'or, au milieu des bâtiments de
commerce et de la flotte de guerre, rendant les honneurs
funèbres, et dans les pittoresques rues d'Éyoub, où les
officiers et les civils, se relevant de minute en minute, par
groupe de 32, tenaient à honneur de porter le cercueil sur
leurs épaules, précédés de théories et de groupes d'enfants
des médressés, d'imans et de derviches, chantant des can–
tiques et accompagnés par les plus hauts représentants des
Églises chrétiennes, tous unis dans les mêmes sentiments de
tristesse, de gratitude et d'espérances
1
.
Au turbé de
Hazreti-Halid, à la mosquée qui porte le nom d'Éyoub (le
compagnon du prophète, tué sous les murs de Constanti–
nople et où le sultan vient à son avènement ceindre le sabre
de Mahomet), le Cheik u l Islam qui n'assiste pas, d'ordinaire,
aux funérailles et qui avait tenu à suivre, jusqu'au bout
celles de Damad Mahmoud pacha, interrompant les prières
rituelles, interpella les assistants en un puissant effet ora–
toire, et s'écria : — Pourquoi donc rendez-vous de tels hon–
neurs à cet homme qui n'est plus rien? Est-ce parce qu'il f ut
juste? parce qu'il f ut bon? parce qu'il f ut honnête et probe?
parce qu'il aima sa patrie, qu'il travailla au triomphe de la
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Dans l a foule immense, qui occupait des kilomètres, on eût pu
citer, avec les princes Sabaheddine et Loutfoullah, les fils du défunt, le
fils et les petits-fils du sultan Mourad V , S. A . le Cheik ul Islam et
son fils, M8
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le docteur Terzibachian, premier secrétaire du patriar–
cat arménien catholique; d'autres membres du clergé, dont il ne
m'est pas possible de donner les noms ; les maréchaux Fouad
pacha, Djémil pacha, le général de division R i z a pacha, ministre
de l'Artillerie, le colonel R i z a bey, aide-de-camp du Sultan, et
presque tous les officiers de Constantinople ; S. A . I . le prince
Burhaneddine-Effendi, fils du Sultan ; les damads Ferid pacha,
Ghalib pacha, Halid pacha et Salih pacha ; le prince Sami, fils de
S. A . I . Mediha sultane ; le prince Djelaleddine, fils de S. A . I . Djémilé
sultane ; E k r em bey, ministre des Fondations pieuses ; le général de
division Nazim pacha, commandant du 2
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corps d'armée ; les délégués
des- patriarcats œcuménique, arménien, arménien catholique, ainsi
que du grand rabinat israélite.
Fonds A.R.A.M