LA TURQUIE NOUVELLE ET L'ANCIEN RÉGIME
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E t devant cette splendide apothéose faite à l'entrée, à
Constantinople, d'un jeune homme, d'un cercueil, et de
l'idée à laquelle il s'était sacrifié, notre pensée se reportait
à l'inhumation provisoire, toute simple, toute modeste, par
une froide journée de février 1903, des restes de Damad
Mahmoud pacha, au cimetière musulman du Père-Lachaise.
Nous avions à la mémoire la manifestation qui précéda
notre départ, avec le concours des Libéraux ottomans pré–
sents à Paris. E n déposant sur la tombe provisoire qui
allait s'ouvrir le lendemain la palme des héros et des mar–
tyrs — héros du sacrifice, martyrs de la liberté — nous
évoquions les actes et citions les dernières paroles du grand
patriote, protestant jusqu'à son dernier soupir, jusque dans
la tombe, contre la tyrannie dont souffrait la Turquie, et
disant, comme un grand pape : « J'ai aimé la Justice,
j'ai haï l'iniquité, c'est pour cela que je meurs en ex i l
1
. »
Le contraste fut encore plus frappant, à Constantinople
le lendemain de notre arrivée, dans cette journée du 2 sep–
tembre où, pendant près de sept heures, un immense con–
cours de peuple fit cortège aux dépouilles mortelles de
Damad Mahmoud pacha, dans la cour de la caserne d'artil–
lerie et de lamosquée de Top Hané, où fut faite la levée du
L e P l a y et d ' Edmo nd Demolins, pour lequel il avait un véritable atta–
chement. Dans les sciences, i l connaît assez les divers branches
de l a biologie pour faire un chimiste distingué, un excellent médecin,
et M. Lœwy, lorsqu'il nous fit visiter l'Observatoire de Paris, par
l'intermédiaire de mon ami Flammarion, eût été moins surpris de
son savoir en astronomie, s'il avait appris qu'en quittant Pendick, en
1899,
le prince Sabaheddine s'occupait de faire ériger un observatoire
pour son propre usage, à côté du laboratoire où il faisait des expé–
riences de radiographie, etc.
1
Les manifestants,
à
l a tête desquels marchait le p.ince Sabahed–
dine, sont allés ensuite déposer une couronne sur la tomb3 de l
'
Armé–
nien libéral, Odian effendi, mort en exil
à
Paris. (Voir plus loin,
in
fine, Annexe
A.
et les journaux cl3 cîtta data, pour les détails, et les
discours prononcés.)
Fonds A.R.A.M