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LA T URQU I E NOU V E L L E E T L ' A NC I E N
REG I ME
pour gouverner la Turquie, il n' y faudrait pas voir que des
inconvénients. Ces races ont des aptitudes variées. Parmi les
se doutait pas de la contrariété qu'éprouverait le Comité Union et
Progrès, de ce retour dont le bruit l'avait offusqué. En effet, i l avait
été profondément marri et un peu troublé. On avait même, en ce
moment-là, parlé de scènes violentes qui auraient eu lieu à Smyrne
entre un membre influent de l'Union et Progrès et Fazli bey, frère de
lait du prince. La campagne de presse entreprise bientôt par les or–
ganes du Comité édifia le public sur les divisions qui régnaient dans le
parti Jeune Turc. Le prince était accusé d'avoir des idées séparatistes
et de prêcher l'émancipation des femmes ! Or, tout le monde savait à
quoi s'en tenir sur ces accusations. Le Prince avait eu soin d'expli–
quer, dans plusieurs conférences, que la décentralisation mentionnée
dans son programme,
purement administrative
n'impliquerait point
l'autonomie politique des provinces de l'Empire. D'ailleurs, ses écrits,
de beaucoup antérieurs à la proclamation de la Constitution, témoi–
gnaient que le Prince n'avait jamais dit autre chose. Dès lors, il deve–
nait évident que ces Messieurs du Comité allaient battre en brèche
par tous les moyens possibles, celui dont le prestige, mérité ou non,
menaçait d'éclipser le leur. Le Comité Union et Progrès désirait
régner
seul
Au despotisme aveugle du couronné d'Yldiz succédait l'oli–
garchie tyrannique d'une confrérie... »
On a vu, ci-dessus, par la citation du
Proodos,
jusqu'à quels excès
les hommes dont i l est ici question se portèrent contre le prince.
Et l'on n'a pas tout dit ! . . .
L'auteur de cette
Correspondance d^Orient
parle ensuite de
V Union
libérale ottomane,
qui proclame « l'égalité de tous les sujets ottomans
sans porter atteinte
à
leurs qualités de races distinctes » et ne se
contente pas de le proclamer, car, comme l'écrit judicieusement dans
la même Revue le D
r
Samné, secrétaire général des
Amis de
V
Orient,
et l'un des plus anciens coopérateurs d'Ahmed Riza, qu'il haranguait
ainsi que le D
r
Nazim, en leur récente visite à Paris, et qui, par consé–
quent, ne peut être suspect, « ce n'est pas tout que d'avoir une cons–
titution sage et libérale, i l faut qu'elle soit sagement et libéralement
appliquée ».
«
En plus des chrétiens, qui ont déclaré en' masse adhérer au nou–
veau parti, continue le correspondant d'Orient, le nombre des
musulmans augmente de jour en jour. I l est à noter que l'élite de la
Société turque de Constantinople, détachée du Comité Union et
Progrès, s'est inscrite au club des
Libéraux... »
Aussi, un peu plus tard, la
Yéni-Gazetta
(11
janvier
1909),
s'élevant
contre le despotisme d'une collectivité aussi tyrannique que le despo–
tisme d'un seul, se plaignait que jusqu'alors « une seule force faisait
trembler tous les députés », c'était le Comité Union et Progrès
de
Fonds A.R.A.M