LA TURQU I E NOUVELLE E T L'ANCIEN RÉGIME
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Paris, pour reprendre les bonnes traditions, est un catho–
lique syrien. Si cette diversité de nations estime difficulté,
qu'on a portées contre lui. I l a surtout insisté sur l'accusation qu'il
entrerait en négociations avec le patriarcat œcuménique pour donner
la Turquie à la Grèce !
«
Nous ne mentionnons cette accusation que pour faire ressortir
l'inanité de toutes celles dont on l'a abreuvé.
«
Le parti du prince Sabaheddine n'est pas, en définitive, un parti
politique qui tient à gouverner. Cependant, il faut qu'il arrive à prendre
part aux affaires, car c'est son programme qui prêche la véritable Union
et le progrès, c'est sous sa direction que les nationaux doivent tra–
vailler pour jouir, en réalité, des bienfaits de la liberté constitu–
tionnelle. » (Cité par le journal la
Turquie,
du
16
décembre
1908.)
Les abus furent tels, en ces jours, paraît-il, que le
Proodos,
qui a
horreur de l'ancien régime, s'écriait, le 23 décembre dernier, que
«
l'absolutisme serait préférable pour le pays ». Or, personne ne veut
de l'absolutisme, ni celui d'un seul, ni celui d'un groupe.
Lors du retour du prince Sabaheddine en Turquie, i l paraît que
déjà le Comité Union et Progrès, s'était laissé « compromettre ».
C'est ce qu'affirme la
Correspondance d'Orient
( 1
e r
janvier
1909)
que dirige un des plus anciens collaborateurs d'Ahmed Riza
et du D
r
Nazim, le D
r
Samné. Cette revue va jusqu'à dire : « Les
«
prisonniers du Ministère de la Guerre furent tous relâchés, en ver-
«
sant des grosses sommes d'argent au Comité... Les favoris ran–
ci çonnés, le tour vint aux capitalistes... Maisons de Banque et
«
Sociétés Anonymes, sous la menace d'être bientôt abandonnées par
«
leur personnel, ont dû vite reconnaître et se ménager les bons
«
offices du Comité, en lui versant des sommes dont le montant était
«
fixé après marchandage. Ces pratiques avaient fini par produire un
«
très mauvais effet. De l'avis même de leurs admirateurs les plus
«
convaincus, les martyrs de la Liberté se donnaient volontiers les
«
allures d'une Société d'exploitation de la confiance publique, etc. »
(
p.
218).
Nous continuons à citer la
Correspondance d'Orient
du
1
e r
jan–
vier
1909 :
«
C'est justement cet état d'âme général qui explique, en quelque
sorte, la réception triomphale faite au prince Sabaheddine. On pen–
sait trouver en lui le modérateur, le compensateur, celui dont le
programme se conciliait le mieux avec l'esprit nouveau et le régime
égalitaire. Son affiliation dans le Comité, les amitiés qu'il y avait,
pouvaient faire croire que son retour dans la capitale allait mettre un
frein à certaines ambitions, les unes affichées, les autres secrètes, et
apporter, en refondant avec le sien le programme du Comité, un tout
complet, mûri, donnant satisfaction aux Ottomans en général. On ne
Fonds A.R.A.M