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LA TURQUIE NOUVEL LE E T
if
ANCIEN REGIME
Nous nous sommes entretenu des Turcs, mais i l ne con–
vient pas de séparer d'eux les autres races qui gouvernent
avec eux, qui ont les mêmes charges et les mêmes préroga–
tives, les diverses religions aussi. L e cabinet a des ministres
chrétiens. Son Excellence Naoum pacha, qui est venu à
d'autres nationalités n'y seront représentés que par une cinquantaine
de députés sur
235
environ que forment la Chambre ! . . . »
Manifestement, il y a, parmi les chefs de l'Union-Progrès des
hommes qui, à tort ou à raison, s'imaginent qu'il ne peut exister
aucune puissance supérieure ou même égale à la leur : l'attitude qu'ils
ont prise au cours des élections, où fut combattue par tous les moyens
la liste de l'Union Libérale Ottomane, avec le grand vizir Kiamil pacha,
entête, a laissé, à ce point de vue, la plus pénible impression. Le grand
vizir n'obtint que 18 voix à Constantinople, malgré sa valeur person–
nelle, malgré ses hautes fonctions ; preuve de la pression inouïe exer–
cée par la Comité contre ceux qui manifestaient vis-à-vis de la
«
Junte » la moindre indépendance.
Et l'opposition systématique, le parti-pris évident contre le prince
Sabaheddine et son programme ont atteint parfois des proportions telles
que la presse indépendante a dû s'en montrer véritablement écœurée.
L'un des plus importants journaux de Constantinople, le
Proodos,
a
publié l'entrefilet suivant auquel je me reprocherais de changer un mot,
laissant à mes lecteurs le soin de le commenter ainsi qu'il convient :
«
Maintenant que l'ivresse électorale a cessé, i l est opportun de
passer en revue quelques détails pour faire connaître surtout au public
la politique du parti des libéraux dont le chef est le prince Sabaheddine
bey, homme digne et capable de rendre d'immenses services au pays.
On connaît le programme politique du prince et les principes qui le
guident. Ces principes peuvent contribuer, en respectant les droits de
l'initiative privée de chaque nation alliée, à faire triompher le vœu
commun, à savoir la grandeur et la prospérité de la patrie ottomane.
Cet homme, qui a le passé le plus honnête, a été méprisé et attaqué
violemment. On l'a même accusé de trahison ! Par malheur, ce fait
n'est pas unique dans l'histoire.
«
Cependant, le
vrai patriote,
qui conçoit bien qu'il faut redoubler
ses efforts pour arriver au but poursuivi, s'efforce à chaque occasion,
d'éclairer l'opinion publique, entraînée facilement par de
faux
patriotes.
L'éducation du peuple et son instruction sont une œuvre
patriotique.
«
Le prince parlant, il y a quelques jours, à Direkler-Arassi, a déve–
loppé son programme. I l a déclaré que c'est dans l'ancienne Grèce
qu'il a trouvé sa théorie de décentralisation. Après avoir développé
son thème, avec une grande clarté, le prince a parlé des accusations
Fonds A.R.A.M