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L A T U R Q U I E N O U V E L L E E T L ' A N C I E N
R E G I M E
ce n'est pas encore cela qui ruinera le nouvel état de
choses.
Admettez tout ce que vous voudrez ; jamais on ne verra
renaître l'Absolutisme. Toute la nation, toute l'armée ont
applaudi à son effondrement.
En attendant la réunion de la Chambre des Députés, le
cabinet Kiamil pacha s'est mis courageusement à la tâche.
Pour les finances et la préparation de l'emprunt indispen–
sable — et sûr d'être placé, avec les ressources considérables
de l'empire, — i l a fait appel à un Président de notre Cour
des Comptes, qui est en train d'établir l'état de la dette
flottante, base nécessaire à l'établissement d'un budget,
moins trompeur que le nôtre
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Peu à peu, en examinant
chaque situation, le nombre des fonctionnaires va être ramené
à un chiffre raisonnable, des pensions temporaires étant, dit-
on octroyées à ceux que frappe la mise en disponibilité.
Le Parlement, qui va prochainement se réunir, semble
devoir être composé de personnalités notables — si les élec–
tions sont vraiment loyales et libres dans leur choix.
Quant aux coupables avérés, les grands concussionnaires,
les voleurs, les bandits, les bourreaux, quelques-uns ont pu
s'enfuir ; les autres, gardés à vue, seront livrés aux tribu–
naux réguliers.
Certes ! la tâche est lourde ; elle n'est pas hors de propor–
tions, j'en suis sûr, avec le dévouement des vrais patriotes
que la Turquie possède. I l y a bien des questions fort déli–
cates et fort urgentes à résoudre.
J
'
ai parlé des fonction–
naires en exercice, dont i l convient de peser les services, de
contrôler les titres; i l est impossible d'ignorer, d'abandonner
les exilés, les victimes de l'ancien régime; ce serait de l'injus–
tice, de l'ingratitude ; ce serait en outre créer une opposition
légitime contre le néo-népotisme.
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E n janvier 1909, il a été décidé que douze jeunes fonctionnaires
financiers ottomans seraient envoyés comme stagiaires à Paris
Fonds A.R.A.M