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L A T U R Q U I E N O U V E L L E E T L ' A N C I E N R E G I M E
convenir, plus d'activité, plus de méthode, plus d'esprit
d'organisation que les Orientaux, ont raison de dire que
Paris n'a pas été fait en un jour.
Les incidents de Bosnie-Herzégovine et de Bulgarie ne
sont point assurément pour faciliter la tâche des Réfor–
mateurs
1
.
C'eût été bien plutôt pour les décourager, si
cela était possible. E t , quoi qu'il arrive, l'histoire jugera
de tels actes très sévèrement
2
.
On ne peut s empêcher de
se rappeler que, quand l'Europe s'évertuait à dénoncer
les Turcs comme incapables de se gouverner en paix et
en liberté, c'est l'Europe qui créa les plus gros obstacles
à leur émancipation. Ainsi, quand les grands-vizirs Réchid,
Aaly, Fuad, Midhat, eurent, naguère, doté la Turquie
d'institutions modernes et détruit, pacifiquement, consti-
tutionnellement, les abus du passé, cette transformation
semblait alors tellement « surprenante, que, dans toute
autre contrée, un siècle d'efforts eût paru insuffisant à
sa réalisation », comme l'écrivait Midhat pacha lui-même
en 1878. Aussitôt la guerre vint arrêter ce beau mouve–
ment. L a Russie n'était pas encore constitutionnelle ;
elle ne voulait pas, en Turquie, de régime constitutionnel,
1
On l'a vu , aussitôt après l a proclamation de la Constitution et la
fin du despotisme, toute insurrection a cessé en Macédoine comme par
enchantement (ce qui ne veut pas dire que des étrangers n'es–
sayeront pas de susciter des troubles). Ceux qui voulaient voir n'en
ont pas été surpris. L'auteur de ces pages l'annonçait dès le 15
novembre 1905. (V.
La Vraie Turquie.)
1
On ne saurait se montrer plus sévère pour cette annexion de l a
Bosnie Herzégovine par le gouvernement autrichien que ,ne l'a fait
le 4 décembre dernier, à l a Chambre des Députes, le Ministre des
Affaires étrangères de l'Italie (de l'Italie alliée à l'Autriche) lorsqu'il
dit, à ce propos : « Les changements apportés aux traités interna-
«
tionaux ne sont
pas admissibles
s'ils n'ont pas obtenu le consente-
«
ment de toutes les parties contractantes. » Voir aussi l'article de
M. René Pinon, dans l a
Revue des Deux-Mondes,
janvier 1909,
celui de Léon Tolstoï dans l a
Revue politique et littéraire
et toute l a
presse en somme, hors celle des intéressés.
Fonds A.R.A.M