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L A T U R Q U I E N O U V E L L E E T L ' A N C I E N
R E G I M E
reçoit à Yldiz, Al i Haydar be y
1
,
fils de Midhat pacha,
étranglé à Taïf. I l embrasse au front Ahmed Riza bey,
directeur du
Mechveret,
et s'étonne beaucoup que le prince
Sabaheddine, son neveu (condamné à mort, comme son
père, pour avoir protesté contre les horreurs passées), ne
vienne point au Palais.
Enfin, le Comité Union et Progrès assure que le Sultan
actuel n'est plus du tout le despote de 1877 à juillet 1908 ;
celui-là est mort et ne ressuscitera pas
2
.
C'est un autre mo–
narque — constitutionnel... comme le roi Léopold, presque
un président, comme M. Fallières — et qui juge plus sévère–
ment que personne, nous dit-on encore, le régime qui vient
de disparaître : il n'est donc point permis de ne pas'avoir foi
dans sa sincérité
3
...
1
L e
Temps
du 23 janvier dernier annonce s a nomination comme
ministre à Madrid.
Nommé sénateur par le Sultan [le 19 décembre 1908, bien qu'il
n'eût pas les 40 ans exigés par l a Constitution, A l y Ha y d a r bey a
donné s a démission (voir s a lettre dans les journaux turcs du 25 dé–
cembre suivant). S a candidature à l a Chambre des Députés avait été
combattue par le Comité U . P . ; elle avait échoué. Dans une lettre au
Mémorial
diplomatique
(8
mars 1907), il avait, naguère, expliqué s a
séparation d'avec le Comité de Paris « dont fait partie Ahmed R i z a
bey », disait-il, et cela pour « graves motifs » et parce que, ajoutait-il,
«
il m'est impossible de m'associer à une action politique de nature à
«
nuire aux intérêts bien compris de l'empire Ottoman » et « à des
«
idées politiques nouvelles qui ne sont pas partagées en général par
«
les populations de l'empire ottoman ». I l se déclarait partisan de
«
l'union des musulmans et des chrétiens sous l a bannière libérale ».
(
Le Siècle,
2
juillet 1907.)
2
L e Comité central Union-Progrès de Salonique envoya un télé–
gramme de souhaits « à S. M. I . le Khalife des musulmans et illustre
souverain des ottomans », priant, dit ce document, « pour que Votre
Majesté coule de longues et heureuses années et nous lui présentons,
du fond du cœur, nos félicitations et nos remerciements » (4 décembre
1908).
3
Tahsin, l'ex-premier secrétaire du Sultan Abdul Ham i d I I avant
la Révolution, l ' un de ceux dont la responsabilité est l a plus lourde,
eut lui-même l'audace d'envoyer à l a Chambre une adresse de félici-
Fonds A.R.A.M