L A T U R Q U I E N O U V E L L E E T L ' A N C I E N R É G I M E
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désormais à l a foule, comme avant 1877, et i l affecte de
montrer la cocarde rouge et blanche des réformateurs sur
son uniforme; il la porte même dans l'intimité, sur sa
robe de chambre, ainsi que le remarquait, en s'en éton–
nant, le khédive, à l'une de ses audiences récentes.
Après y avoir mis beaucoup de façon, il a consenti au
remplacement de sa garde prétorienne, à laquelle i l venait
de distribuer, sans doute par pure affection, une somme de
115
francs pour chaque soldat
1
.
E t c'est, dit-on, d'accord
avec S. M. que l'on a embossé, à portée d'Yidiz, sur le Bos–
phore, d'imposants navires de guerre, armés d'obus à la
mélinite et pouvant, en cas de mutinerie de la garde, impo–
ser silence aux casernes'du Palais.
I l accepte tout. I l accepte dans sa voiture impériale, au
Sélamlick, le maréchal Fouad pacha, revenu de l'exil. I l
1
L e
Chourai-Ummet (La Turquie,
19
novembre 1908) montre par
des chiffres à quels abus des grades en était arrivé le favoritisme.
A u lieu d'un général de division, 2 généraux de brigades, 4 colonels,
4
lieutenants-colonels, 17 chefs de bataillons et capitaines-adjoints-
majors, réglementairement prévus, pour les cadres d'une division
d'infanterie de l'armée active, il y a, pour l a deuxième division de l a
Garde impériale : 1 maréchal, 5 divisionnaires, 8 brigadiers, 35 colo–
nels, 51 lieutenants-colonels, 180 chefs de bataillon et capitaines-
adjoints-majors ; au total, 280 officiers au lieu de 27. L e même journal
dit qu'il y a, à Yldiz même (et il ne parle pas des canons, notamment
ceux qu'on avait destinés à l a guerre russo-turque et qui ont manqué
à l'artillerie turque, sauf quelques pièces de l'artillerie de montagne) :
5.000
Mausers à clefs, 2.000 Mausers nickelés,
à
clefs, une grande
quantité de Martini et d'armes démodées, 30.000 pistolets de diffé–
rents modèles, 6 fusils Hotchkiss mécaniques, des fusils
à
boîtes
russes, envoyés, dans le temps, d'Andrinople, 200 fusils fabriqués
à
l a
Grande Maîtrise de l'Artillerie. De son côté, le
Servet y Funoum
remarque qu'il y a
à
Yldiz 30.000 revolvers provenant de saisies
faites sur les voyageurs par les douanes de Constantinople. — L e
Tanine
(22
novembre 1908), ajoute : 8 mitrailleuses, 25.000 fusils
Lebel et leurs munitions, commandés par l'arabe Izzet. P a r décision
de janvier 1909, ces armes seront versées à l'armée.
L e nombre des aides de camp du Sultan (réduit en décembre 1908
à 34) était de 340 !
Fonds A.R.A.M