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L A T U R Q U I E N O U V E L L E E T L*ANCIEN R E G I M E
Votre Majesté que nos fusils et nos canons seront dirigés
sur le Palais d'Yldiz... avec les leurs !
La tyrannie s'écroulait, d'un coup.
La Constitution était accordée.
Quels furent les desseins, les espérances du Sultan? I l
ne m'a point fait ses confidences, et je crois qu'il ne s'est
confié à personne. Mais, s'il conserva quelques illusions les
premiers jours, je suis persuadé qu'il a dû bientôt les perdre.
Nous devons en croire d'ailleurs le Comité
Union Progrès ;
il ne cesse de dire que le Sultan accepte sincèrement aujour–
d'hui les conséquences de cette grande Révolution.
Abdul Hamid jurait, à nouveau, de respecter la Cons–
titution promulguée le 11 /23 décembre 1876 et, abolie, de
fait, l'année suivante
1
.
I l destituait le grand vézir Férid
pacha qui, depuis cinq ans et demi, présidait le Conseil des
Ministres, sous l'autorité absolue, d'ailleurs, du sultan.
Le ministre de la guerre, Riza pacha, était non seulement
révoqué, mais poursuivi. Et son successeur mort peu après,
le maréchal Redjeb pacha, commandant de Tripoli, était
justement l'un de ceux qui avaient promis leur concours,
quelques années plus tôt, pour renverser l'ancien régime,
à l'aide de l'armée, comme en 1908 ; j'espère pouvoir, à
l'heure propice, le raconter plus longuement.
Abdul Hamid I I lâchait prestement tous ses favoris, les
Izzet, les Tahsim, les Eboul Oudah, les Melhamé, etc. I l
déclarait, enfin, à qui voulut l'entendre, que, depuis 30 ans,
il ne cessait de préparer ses sujets, ses chers enfants, aux
réformes tant désirées. Depuis lors, chaque vendredi, i l
quitte son Palais pour la cérémonie du Sélamlick, ouverte
1
II conviendrait de rapprocher de ce document les actes réforma–
teurs du sultan Abdul-Medjid, continuant la pensée du sultan Mah–
moud, le hatti-chérif de Gul-Hané du 3 novembre 1839 et le hatti-
Humayoun du 18 février 1856.
Fonds A.R.A.M