L A T U R Q U I E N O U V E L L E E T L ' A N C I E N RÉGIME
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fils (aujourd'hui âgé de 42 ans), ce fut de jeter quelques
grains aux volailles !... Heureusement, i l était musicien (et
il a pu faire de ses filles les princesses Khadidjé sultane,
Féhimé sultane
x
,
Fatma sultane, d'excellentes musiciennes).
On avait bien voulu ne pas lui enlever son piano; mais on ne
lui laissait pas toujours les vêtements les plus indispensables,
Quant aux livres, ils étaient interdits à cet homme instruit,
qui parlait fort bien le français et se fût presque consolé de
l'injustice du sort, s'il avait pu, au moins, suivre le mouve–
ment intellectuel du monde, ne pouvant que formuler des
souhaits muets pour le pays de ses pères.
Aux derniers moments du sultan Mourad, son fils,
S.
A. I .
le prince Salaheddine effendi, et ses petits fils, L. A. I . Nihad
effendi et Fuad effendi (que je vis pour la première fois, à la
rencontre du prince Sabaheddine — ils n'étaient jamais
sortis, avant le jour précédent) demandèrent en vain de
rendre eux-mêmes les derniers devoirs à leur père. Le Palais
s'y opposa. On fit mander des
harnais,
des portefaix quel–
conques, qui présentèrent vaguement le cercueil à la mosquée
et le confièrent à un tombeau sans nom !....
Depuis, les jeunes Turcs ont pris l'initiative de l'érection
d'un « monument réparateur » au Sultan Mourad et l'on
disait qu'Abdul Hamid avait proposé d'y souscrire.
Le moment n'est pas encore venu de retracer l'histoire de
cette séquestration de 30 ans, en Europe, au xx
e
siècle, en
dépit de tous les appels à l'humanité. Un français, ne pou–
vant se contenir, en songeant à une si grande et une si noble
misère, se décida à écrire à l'empereur Guillaume, tout
puissant, lors de son voyage à Constantinople : — Ne vous
dérobez pas aux usages admis partout ; lorsqu'un souverain
1
E n janvier 1909, l'orchestre des Petits-Champs fit applaudir la
Marche de l'Union Nationale,
composée' par S . A. I . la Drincesse
Fehimé sultane.
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Fonds A.R.A.M