L A T U R Q U I E N O U V E L L E E T L * A N C I E N R E G I M E
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était, par là, devenu le gendre du sultan Abdul Medjid, le
beau-frère du sultan Mourad V et enfin le beau-frère du
futur sultan, S. A. I . le prince Mohamed Rechad efîendi.
Outre ces alliances qui lui donnaient une des premières
places dans l'empire, Damad Mahmoud Djelaleddine
1
pacha
était connu par ses idées très justes, très libérales, par sa
haute probité, par sa véracité proverbiale et même aussi, à un
autre point de vue, par un talent de poète satirique dont les
petites pièces, flagellant la camarilla, circulaient sous le man–
teau
2
.
N'est-ce pas l'occasion de rappeler ce mot des
Che–
valiers
d'Aristophane : « I l n'y a rien d'odieux dans la
«
satire qu'on exerce contre les méchants ; elle mérite, au
«
contraire, les éloges de tout homme de bien, qui sait en
«
juger sainement. »
Combien de fois n'était-il pas intervenu près de son beau-
frère Abdul Hamid I I , et par discours, et par écrits, pour
conseiller le retour à la Constitution, à la justice, à l'huma–
nité. Même il avait accepté, à 37 ans, les Sceaux et pendant
huit mois rempli les fonctions de Ministre de la Justice, après
avoir été conseiller d'État, sans parler^ d'un court stage
à l'ambassade de Paris, dans sa jeunesse, avec Servet
pacha. Dans le cabinet, i l combattit énergiquement les pré–
varicateurs et les concussionnaires et, ce qui montre sa
délicatesse en tel milieu, i l refusa de toucher le gros trai–
tement réservé aux ministres, quand les petits fonctionnaires
de son département étaient privés de leurs maigres émolu–
ments.
1
II ne faut pas le confondre avec son homonyme, fils d'Ahmed
Fehti pacha, mari de la princesse Djémilé sultane, deuxième fille
d'Abdul-Medjid et qui fut étranglé, par ordre, à Taïf, en même temps
que Midhat pacha, le 8 avril 1883.
2
Imprimées, en Egypte, en 1901, ces satyres forment tout un
volume, non mis dans le commerce et tiré à quelques exemplaires
seulement.
Fonds A.R.A.M