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LA TURQUIE NOUVELLE E T L'ANCIEN RÉGIME
On me permettra d'évoquer, exceptionnellement, la noble
et intègre figure de Damad Mahmoud pacha, parce que c'est
cette personnalité que j ' a i le plus et le mieux connue, grâce
à l'amitié qu'elle m'a témoignée, jusqu'à son dernier soupir,
le 18 janvier 1903, près de Bruxelles, et parce que, depuis
son arrivée en 1899 jusqu'à ce jour, son très digne fils,
le prince Mohamed Sabaheddine n'a pas cessé de me
donner des preuves de confiance et d'affection, qui l u i ont
acquis mon dévouement le plus entier, à travers les épreuves
d'un exil que tous mes vœux, et je puis le dire, tous mes
efforts auraient voulu depuis longtemps voir terminer avec
la libération de la Turquie.
Fils de l'amiral Halil pacha, qui avait laissé de très bons
souvenirs dans la marine et qui avait épousé une femme du
sultan Mahmoud, Damad Mahmoud Djelaleddine pacha, né
en 1855, était devenu l'époux d'une femme de vive intelligence
et réputée pour sa beauté, la princesse Seniah sultane. I l
que c'était précisément sur cette question, qu'ils tenaient à se séparer
du Congrès, pour fonder un groupe dissident, avec le
Chourai Ummet,
devenu l'organe du Comité
U. P.
depuis l a Révolution, alors surtout
que lui-même, dans son
Mechveret,
ne s'était pas privé de demander ce
même concours de l'étranger? (Voir les numéros du 1
er
avril 1896,
1
er
novembre 1896,15 mai 1897, 1
er
janvier 1900, 15 février et 15 dé–
cembre 1901, etc.)
E t , si la raison donnée pour une rupture n'était qu'un prétexte, et
un prétexte insoutenable, comme on vient de le voir, quelle fut donc
la cause véritable? Pourquoi ne l'avoir pas tout simplement donnée?
Raison bien mystérieuse ? raison occulte? Déjà !
Même chose lorsque, plus tard, A . R i z a et son groupe paraîtront
s'inquiéter de voir ce mot « décentralisation » sous l a plume du prince
Sabaheddine et des membres de.l'Union Libérale, alors que non seu–
lement la Décentralisation est une des bases de la Constitution de
Midhat pacha, mais qu'elle fut aussi réclamée, maintes fois, par le
Mechveret
du même Ahmed Riza.
Il n'est pas un homme de bon sens et de bonne foi qui ne s'étonne de
ces étrangetés : de vieux collaborateurs d'Ahmed R i z a m'en ont
manifesté leur surprise et leurs regrets.
Fonds A.R.A.M