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LA TURQUIE NOUVELLE ET L'ANCIEN REGIME
breux, éparpillés, dispersés, restaient sans force. I l fallait
leur donner conscience de leur pouvoir en les réunissant,
en les unissant.
Danstous les pays, dans tous les temps troublés, les hommes
d'action ignorent trop souvent qu'ils ont la majorité et
qu'il suffirait de marcher ensemble pour triompher de l ' au –
dace et de la tyrannie de leurs adversaires. C'est pour donner
cette confiance en eux aux divers Comités ottomans, Turcs,
Grecs, Arméniens, Albanais, Circassiens, Kurdes, Israé–
lites, Arabes, que, sur l'initiative du prince Sabaheddine
et sous la présidence d'honneur de Damad Mahmoud pacha,
retenu éloigné par sa santé, délibéra, du 4 au 9 février
1902 (
à Paris, chez un membre de l ' I n s t i t u t de France,
M . Lefèvre-Pontalis, qui s'empressa, sur ma demande,
de l u i ouvrir ses salons), le
Congrès des Libéraux ottomans,
réunissant pour la première fois quarante - sept libéraux
de toutes les nationalités, sous les drapeaux ottoman et
français. E t c'est de ce jour-là surtout, on peut le dire,
que la Turquie put entrevoir, prochaine, l'aurore de la
Liberté.
J'aurais plaisir à rappeler, avec les résolutions prises
1
et
1
Voici les résolutions votées (en 1902) au Congrès des Libéraux
ottomans, la discussion ayant lieu en turc et en français :
« 1
° Nous repoussons toute solidarité entre les peuples ottomans
et le régime sous lequel nous vivons depuis vingt-cinq ans, régime
d'oppression, l'unique source des méfaits qui se commettent dans
l'Empire et qui soulèvent l'indignation de l'humanité tout entière ;
« 2
° Nous entendons établir, entre les différents peuples et races de
l'Empire une entente qui assurera à tous, sans distinction, la pleine
jouissance de leurs droits reconnus par les Hatts impériaux et consa
crés par les traités internationaux, leur procurera les moyens de satis–
faire d'une manière complète leurs légitimes aspirations, de prendre
part à l'administration locale, les mettra sur un pied d'égalité au point
de vue des droits comme des charges incombant à tous les citoyens,
leur inspirera le sentiment de fidélité et de loyalisme envers le trône
et la dynastie d'Osman, qui, seule, peut maintenir leur union ;
« 3
° Nous nous appliquerons, en toute circonstance,
à
faire conver-
Fonds A.R.A.M