L A T U R Q U I E N O U V E L L E E T L ' A N C I E N R É G I M E
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Thessalie, la Tunisie, l'Egypte, la Roumélie Orientale,
Chypre et la Crète.
E l l e a l l a i t p e r d r e j u s q u ' a u d e r n i e r l a m b e a u de s o n t e r r i –
t o i r e , s i
l
'
a c t e libérateur d u mo i s de j u i l l e t d e r n i e r , c e t a c t e
q u e
l
'
E u r o p e , q u e
l
'
humanité t o u t entière
a
salué de s même s
s y m p a t h i e s , d e s même s espérances,
n
'
a v a i t m i s u n t e r m e
à u n état de c h o s e s q u i d e m e u r a i t l a h o n t e et
l
'
oDDr o b r e
d u
x x
e
siècle.
Impossible, t an t le nombre en est grand, de citer les noms
des victimes de cet état d'anarchie et de despotime.
Le 18 septembre dernier,
à
bord du yacht du prince Aziz,
pacha d'Egypte (nommé depuis commandant de la cava–
lerie du 2
e
corps d'armée), j'eus le grand plaisir de dîner avec
un soldat dont la physionomie sympathique reflète l'intel–
ligence et la loyauté : — C'est, me dit-on, Nazim pacha,
le nouveau commandant du corps d'armée d'Andrinople, le
plus brave et peut-être le plus capable de tous nos géné–
raux S
I l revenait d'Erzindj an (chef-lieu du 4
e
corps d'armée), où
le Palais l'avait exilé, après lui avoir arraché, comme
à
un
soldat félon, tous les galons qu'on vient heureusement
de l u i rendre et qu'il avait, un
à
un, glorieusement gagnés :
héros. Citons-en les dernières strophes (d'après l a traduction de
M. Alex. Martinovitch) :
«
Quoique tu sois mon vieil ennemi, on m'irrite lorsqu'on te dépré–
cie. Je demande celui qui peut t'égaler dans le combat.
«
Exception faite de nous, poignée de pauvres ! E t , maintenant que
nous nous connaissons, il ne nous reste plus qu'à avoir, l'un pour
l'autre, l'estime qui est due à des cœurs vaillants.
«
A h ! que nos peuples, exténués de fatigue, respirent un peu plus
librement ! Que ces jours bienfaisants du travail et de l a civilisation
leur apparaissent enfin ! . . . »
1
Nazim pacha, élève de Saint-Cyr, fut nommé, vingt-quatre heures,
ministre de la Guerre, à la veille de la retraite du grand vizir Kiamil
pacha, le 13 février dernier.
Fonds A.R.A.M