«
L'alliance que nous avons contractée avec les Pro–
phètes, y lit-on encore, avec Noé, Abraham, Moïse et
Jésus,
fils de Marie, doit être
inviolable.
» (
Ch.
X X X I I I ) .
Sont-ce là des enseignements, je le répète, qui doivent
amener des haines entre le Croissant et la Croix?
Avons-nous donc, dans nos rapports sociaux — comme
cela pourrait être, par exemple, avec certaines religions
d'Extrême-Orient — de telles divergences, sur des ques–
tions fondamentales, que nous ne puissions nous tolérer et
vivre fraternellement, comme aujourd'hui, grâce à Dieu !
nombre de chrétiens et de musulmans savent vivre, sans
renoncer à leur foi?
On trouvera, sans nul doute, des musulmans qui détestent
les chrétiens ; on trouvera même des chrétiens ou des
musulmans qui se détestent entre eux.
Mais ni les uns ni les autres n'observeront les préceptes
de leur religion
1
.
D'ailleurs Mahomet reconnaît, dans le Koran, que « ceux
«
qui sont le plus disposés à aimer ses disciples ce sont
«
les hommes qui se disent chrétiens » (V. v, 85). Et réci–
proquement, peut-on dire.
Aussi, lorsque le Khalife Omar entra en vainqueur à Jéru–
salem, « i l ne fit aucun mal aux chrétiens
2
».
On raconte
qu'à l'heure de la prière, bien que tout puissant, il ne voulut
pas entrer dans l'église du Saint-Sépulcre sans la permis–
sion du patriarche Elias. I l alla jusqu'à défendre aux musul–
mans d'aller plusieurs fois prier dans une même église, de
crainte qu'ils ne fussent tentés de la transformer en
mosquée.
1
L'insulte de
giaour,
si souvent évoquée, d'ailleurs punie par le
Code pénal, est une grossièreté qui n'est pas exclusivement réservée
aux chrétiens : les musulmans ne se font pas faute de se la jeter au
visage, dans leurs propres querelles.
2
Michaud,
Histoire des Croisades,
etc.
Fonds A.R.A.M