L A T U R Q U I E N O U V E L L E E T L ' A N C I E N
R E G I M E
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dessus t o u t , c'est l'esprit
athée.
»
E t notre compatriote citait
à l ' appu i ces paroles d'un pacha : « Jamais je ne confierai
l'éducation de mes enfants à des hommes qu i ne prient
pas
K »
E n f a i t , la l o i du" Prophète proscrit
VAthéisme
à l'égal de
l'Idolâtrie.
S'il y a parmi les Mahométans des fanatiques
(
je demande quelle religion n'en a pas, puisque l'irréligion
même, vous le savez, a les siens?), on peut affirmer que ce
sont de très rares exceptions, en contradiction formelle
avec la l o i musulmane et avec le tempérament des Turcs.
C'est ce que faisait remarquer récemment le Comité de
Salonique, dans une lettre à un homme d'État italien : « Si
«
notre nation, écrivait-il, le 20 septembre 1908, a traversé des
«
époques honteuses, elles ne représentaient pas l'âme
«
nationale, mais seulement le gouvernement des traîtres...
«
L a nation ottomane est loyale et juste. Elle fraternise,
«
d'une façon sincère avec ses concitoyens, professant
«
d'autres cultes, et qu'elle n'a jamais vus, de son propre
«
arbitre, de mauvais œil.
2
»
1
Gaston Bordât,
La Réforme sociale,
1
er
février 1907. Sur la question
des écoles, voir parmi les travaux les plus récents un résumé de
M. P . Fesch, dans son livre, pp. 444-486.
2
L e prince Sabaheddine, en son discours d'ouverture du
Congrès
des Libéraux ottomans,
à Paris (1902), s'exprimait a i n s i :
«
L e régime présent, par un sophisme dont il convient de faire
justice, s'applique à attribuer aux rivalités de races et de religions ou
ces violences, ou cette inertie stérile et désolante, dont le pouvoir
n'avait jamais donné de si fâcheux exemple, au cours de nos annales,
et qui sont incompatibles avec tous principes d'humanité, d'équité
et de civilisation ; tandis que les idées qui animent et qui remuent
aujourd'hui toute l a génération nouvelle, en Turquie, sont des idées
de progrès, de justice, de tolérance et de liberté
pour tous,
sans privi–
lèges exclusifs pour telle ou telle nationalité.
«
I l faut qu'il soit bien entendu que les Turcs ne demandent rien
pour eux-mêmes qu'ils ne le demandent aussi, et dans l a même mesure,
pour tous leurs compatriotes, musulmans et non musulmans.
«
N'est-il pas avéré, d'ailleurs, que l'empire ottoman, dès le début
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