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LA T U R Q U I E N O U V E L L E E T L ' A N C I E N R E G I M E
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ai pu avoir, en ce temps-là, et je l'ai publié dans un
journal français
1
,
les jugements prononcés contre les patriotes
Turcs, qui par esprit d'humanité et d'équité avaient défendu
les chrétiens contre les bourreaux d'Yldiz. Et voici les
peines portées contre ces musulmans : 8 furent condamnés
à mort ; 18 à la détention perpétuelle ; 11 à 15 ans de prison ;
14
à 10 ans ; 1 à 5 ans ; 3 à 3 ans ; 14 à 1 an. On a été jusqu'à
jeter en prison pour 6 et 8 mois des mineurs, de petits
Turcs. On ne s'explique pas, après cela, comment le Tri–
bunal, qui s'intitulait justement « extraordinaire », a pu
prononcer 19 acquittements !
Voilà, n'est-il pas vrai, une preuve péremptoire de la
haine des Turcs contre les chrétiens !
Et n'est-il pas plus exact de dire que ce «peuple est bon »
pour répéter le jugement de M. de Metternich, qui fut celui
de Lamartine, d'Elisée Reclus, Ed. Gibbon, Cesare Cantu,
Gust. Le Bon, Robertson, Théophile Gautier, etc., de tous
ceux, enfin, qui l'ont pu connaître.
J
'
ai peut-être étonné quelques-uns de mes auditeurs en
assurant que l'Islam, loin de prêcher la haine des chrétiens
prescrit au contraire de les respecter. — « Les Turcs vé–
nèrent notre religion, tout en gardant la leur, et tiennent
la France comme le plus grand pays
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»,
disait une reli–
gieuse qui avait passé 40 années en Orient, de celles qui,
par l'exemple des plus solides vertus chrétiennes et des plus
aimables qualités françaises, s'en vont là-bas faire aimer
le cœur et la tête de notre pays.
Ah ! « ce qu'ils détestent par-dessus tout, — j'emprunte
ce témoignage à un économiste de la
Réforme sociale,
qui a
longuement parcouru ces contrées, ce qu'ils détestent par-
1
Journal de Maine-et-Loire,
10
mars 1908.
*
Journal
Les Missions Catholiques,
1905,
p. 116.
Fonds A.R.A.M