A T U R Q U I E N O U V E L L E E T
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ANCIEN RÉGIME
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fait, bien que plus lentement peut-être, leur évolution, eux
aussi, dans le sens de la tolérance ? Mais je crois pouvoir
démontrer que, plus qu'en certains pays chrétiens, leur légis–
lation fut tolérante, comme l'impose la religion de l'Islam.
Quant aux massacres des Arméniens en 1894-1896, l'in–
dignation qu'ils soulevèrent fut si grande qu'ont alla
jusqu'à dire, dans certaines chancelleries, dans un grand
nombre de journaux — et j'ai eu la surprise de retrouver le
propos, ces jours-ci, sous la plume d'un journaliste distingué,
—
qu'il fallait chasser les Turcs hors d'Europe, les ren–
voyer en Asie.
Je ne sais si vous comprenez ce raisonnement, si vous
admettez que ce qui est crime sur une des rives du Bosphore
ne soit plus crime sur l'autre rive ; comment on puisse se
résigner aux spectacles d'horreurs, dans un quartier de
Constantinople, quand on ne peut les supporter dans un
autre quartier ; comment, ce qui n'est pas tolérable
à
Stam–
boul pourrait être toléré
à
Scutari?
Non. Le mal est le mal ; le crime doit être poursuivi par–
tout, et je crois que dans la patrie de saint Vincent de Paul,
nous serons tous ici d'accord pour proclamer que l'huma–
nité n'a pas plus de frontières européennes, ou asiatiques,
que la Charité ne doit avoir de limites au champ de son
action.
On avait imaginé, pour arriver
à
cette conclusion, de pré–
tendre qu'il y avait toute impossibilité de vivre avec les
Turcs.'« C'est, disait-on, une question de religion en même
temps qu'une question de race; c'est l'éternelle lutte du
Croissant contre la Croix. L'Islam, c'est le fanatisme! Les
Musulmans abhorrent les Chrétiens, qu'ils voudraient exter–
miner jusqu'aux derniers. En les chassant d'Europe, les
Chrétiens ne feraient donc que se défendre ; du moins ils
éloigneraient et décimeraient les troupes ennemies... »
Eh bien ! interrogez nos missionnaires et nos sœurs de
Charité, qui connaissent la Turquie. « Jamais le oatholi-
Fonds A.R.A.M