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L A T U R Q U I E N O U V E L L E E T L ' A N C I E N
R É G I M E
Pourquoi donc un t e l changement?
Je n'hésiterai pas à dire la vérité.^G'est à la presse que
nous le devons.
La presse est souvent l'organe de l'opinion ; mais elle est
bien souvent aussi son guide.
Or, depuis 25 ans, de nombreux journaux d'Europe, et
non des moindres, — qui tiennent tant à la liberté de la
presse, pour l'acquérir, mais qui, malheureusement, y
tiennent beaucoup moins, lorsqu'il s'agit de l'aliéner, — se
sont laissé circonvenir par deux puissances, qui avaient,
l'une et l'autre, intérêt à fausser l'opinion : d'un côté, par
les gouvernements, jaloux de la Turquie, rêvant de s'agrandir
à ses dépens, intéressés à faire croire que ce qu'ils appe–
laient « l'homme malade » arrivait à sa fin, guettant le
cadavre et ne cessant de dire « hâtons-nous, car i l sent... » ;
de l'autre côté, par le Palais d'Yldiz, qui dressait ses triples
murailles contre la Turquie elle-même ; le Palais, c'est-à-
dire la plus abominable entreprise de corruption qu'on ait
jamais vue et qui, par des faveurs et des décorations, par
des concessions privilégiées et renouvelables, par des sub–
ventions plus ou moins déguisées, essayait, sans vergogne, de
s'acquérir le concours ou le silence des journaux d'Europe,
au point que ses représentants à Paris, à Vienne, etc. osaient
se targuer cyniquement, en l'intimité, de tenir en leurs
mains tous les principaux organes de publicité, de pouvoir
faire, à leur gré, l'opinion publique, comme avec son
Rep-
tilienfund,
Bismarck, le maître corrupteur, le faussaire, avait
pu préparer l'invasion de 1870 ; ceux de ma génération,
hélas ! ne l'ont pas oublié 8
Personne plus que moi n'est convaincu de la puissance
des journaux ; mais cette puissance, vous le savez, s'exerce
pour le mal comme pour le bien. Je connais, certes ! les
1
V " H . Wuttke.
Le fonds des reptiles; le Journalisme
allemand et
la formation de l'opinion publique
(
Paris, M. Dreyfous, 1877, in-12).
Fonds A.R.A.M