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LES TURCS ONT PASSE LA.
émeutiers tenaient tête voulant leur faire croire que
les arméniens avaient tiré sur les soldats,
ils ont
dirigé des balles sur ces nouveaux venus.
Mais le courageux colonel qui était à la tête de ces
soldats, prenant un bataillon à son secours, a déclaré
qu'il allait faire feu sur les assaillants.
A trois heures de la nuit l'eau coulait enfin, c'était
émouvant de voir le peuple apaiser sa soif. La ville
était sauvée.
Le village est cerné comme en état de siège, les
communications sont très difficiles, les postes et télé–
graphes ne fonctionnent plus. 11 y a censure pour la
correspondance. Les réfugiés restent toujours dans
le village, et où iraient-ils, leurs maisons, leurs biens
sont incendiés, pillés, saccagés, la famine menace.
Les pertes du village avec Odjakli, Nadjarli,
Euzurli sont de 500 hommes environ. Le siège par
la populace armée jusqu'aux dents a duré 12 jours et
12
nuits consécutifs (1).
La population du village et des environs est décidée
à émigrer entièrement. A quoi sert la vie quand on est
privé de tout le nécessaire, qu'on est ruiné jusqu'au
bout, quand on a faim et soif? Où est la constitution,
où est la Justice, quand Un mutessarif maudit pour–
suit son peuple avec des mausers et des canons ?
Quand la vie et l'honneur des gens sont devenus le
jouet de si tristes personnages, célèbres par la férocité
(1)
Canons.
Les dépèches du mutessarif annonçaient à Constân-
tinople que les arméniens de Tchok Marzevan avaient confectionné
des canons avec des tuyaux en fonte servant de conduits d'eau.
Dans le récit ci-dessus nous avons vu avec quelle facilité ce noble
Bey mentait impunément et cherchait toujours à tromper. Cependant
ceux qui possèdent quelques notions militaires savent très bien
qu'il est impossible de construire des canons avec des tuyaux de fer.
Fonds A.R.A.M