LES TURCS ONT PASSE LA...
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la soif et les assauts formidables auxquels ce village
avait résisté, ils partirent une demie heure plus tard,
faisant promettre au mutessarif qui était parmi les
assaillants,
quil laisserait arriver l'eau dans le
village.
Cependant Mehmed Assaf Bey les trompait ; non
seulement l'eau ne fut pas lâchée, mais les bombes et
les balles se mirent à pleuvoir drû.
Durant la panique, 22 Islams s'étaient aussi en–
fermés à Tchok Marzevan ; ils furent nourris et logés
pendant le siège quand on manquait d'eau et de pain ;
cependant le fameux Bey, croyant qu'on avait tué ces
Islams, proposa de les lâcher pour laisser couler
l'eau dans le village.
Pourtant, i l mentait toujours, malgré que ces
22
turcs lui fussent rendus selon son désir, les bruits
du fusil et du canon devinrent tellement intenses
qu'on ne pouvait plus entendre une parole et les
coups étaient dirigés avec précision, car la trompette
indiquait les endroits où i l fallait faire feu.
Cette fureur dura jusqu'au soir du 12/25 avril. Les
assauts étaient précédés parle cri « d'Allah ! Allah »,
comme si ce qu'ils faisaient fût agréable à Dieu. Enfin
vers la fin du jour, on aperçut de nouveau un croiseur
sur mer.
Cette fois c'était M. Kennedy qui revenait avec
l'abbé Krikor Minassian, vicaire arménien d'Alexan-
drette, sur un bateau ottoman qui venait d'Alexan-
drette, amenant des soldats pour défendre Erzine
(
sur la demande du mutessarif), on était donc sauvé
par miracle.
Ces nouveaux soldats voyant l'état de misère du
village, ont désiré beaucoup lâcher l'eau, mais les
Fonds A.R.A.M