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LES TURCS ONT PASSÉ LA..
montagne pour repousser les hordes, et ordonnait
que les villageois ne fassent plus feu. Voilà que des
coups de canon et de fusil brisent les barricades à
nouveau et l'eau est reprise encore une fois ; i l a été
impossible de reposséder l'eau et cela continua ainsi
pendant neuf jours. 11 n'y avait pas une goutte d'eau,
i l n'y avait pas de réservoirs puisqu'on était habitué
à boire l'eau courante : on fut réduit à se désaltérer
avec des feuilles d'arbre. Les pauvres petits enfants
suppliaient, demandaient une goutte d'eau, que fallait-
il leur procurer ?
Dans le village, i l y avait plus de 12.000 personnes,
puisque des 5 ou 6 autres villages on était venu s'y
réfugier, on était altéré de soif, on devait mourir si
au prix de sang et de vaillance on n'essayait pas
d'aller chercher un peu d'eau a une fontaine, sise
à une demi-heure de distance.
Quel sort ! Pourquoi tant de fusils et de canons
braqués sur le village? I l fallait nuit et jour, sans un
brin de sommeil, défendre la vie et l'honneur des
femme», des sœurs et des filles, contre 30 à 35.000 sau–
vages armés. I l n'y avait pas moyen d'aviser qui–
conque de cet état de choses, parce qu'on était cerné
de toutes parts, et bien surveillé. Sur les vingt émis–
saires qu'on avait envoyés, un seul-parvint à Alexan-
drette, et qui fut emprisonné par le gouverneur :
tous les autres périrent en route.
Enfin le 7 du mois un point a paru à l'horizon, sur
mer, la colombe de la liberté arrivait d'Alexandrette,
le missionnaire anglais Kennedy accompagné de
Achdjian Eff. drogman du vice-consulat d'Alexan–
drette venaient à bord du croiseur
Diana,
prendre
des informations sur la situation, et voyant la faim,
Fonds A.R.A.M