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L E S TURCS ONT PASSÉ L A .
accourait vers la garnison militaire, nous avons
questionné quelques musulmans que nous connais–
sions de vue, ils nous ont répondu qu'une révolution
avait éclaté à Adana et qu'on y enverrait des soldats.
Ce jour-là plusieurs individus ont été armés et en–
voyés à Adana. Le lendemain, jeudi, quand le convoi
d'Adana est arrivé à la gare de Tarsous, quelques
hodja
(
religieux turcs) ont crié à la face de la multi–
tude turque qui s'y trouvait :
Que restez-vous ici
inertes, dans Adana, on n'a pas laissé un seul turc,
on les a exterminés.
Là-dessus le fanatisme musul–
man prend des proportions inouïes, on se jette sur le
dépôt d'armes, on dévalise tous les fusils, les sabres
commencent à scintiller, des regards furieux et sau–
vages sont dardés haineusement sur les chrétiens.
Nous remarquions tout cela, du collège qui est à
50
mètres de la garnison.
Nous ne savons pas pour quelle raison le massacre
n'a pas eu lieu ce jour-là, mais tous les arméniens
s'étaient blottis chez eux, le marché était vide ; un
jeune arménien qui était descendu à l'hôtel venant
de Césarée, a été outrageusement massacré.
L'aube de vendredi a lui; le pressentiment du
massacre dominait les cœurs d'une minute à l'autre.
Le brouhaha de la populace a commencé à se faire
entendre de loin, accompagné d'une fusillade intense.
Le quartier arménien a été attaqué de trois côtés à la
fois, ces malheureux n'ont pas pu même essayer une
défense, faute de moyens.
Des
Imams
porteurs de drapeaux conduisaient la
populace et l'encourageaient, au cri de
Vive le Sultan.
Quand le pillage et le massacre continuaient systéma–
tiquement, d'autre part le feu a commencé son œuvre
Fonds A.R.A.M