L E S TURCS ONT PASSÉ L A .
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fuir, pour sauver leur vie espérant pouvoir aller s'a–
briter à l'église des Jésuites ; mais malheureusement
des bachi-bozouks armés de fusils Martini avaient
cerné les édifices, et tous ceux qui avaient mis le
pied dehors étaient fusillés à bout portant. C'est
pourquoi i l y avait un monceau de cadavres de
femmes, enfants et jeunes gens devant St-Etienne et
l'école Mouchegh. Après que le feu eût accompli son
œuvre destructive, tous ceux qui eurent le malheur
de rester vivants, virent devant eux, le lendemain, le
spectacle terrifiant d'un charnier de corps humains
carbonisés.
Oui, ces cadavres à demi-carbonisés étaient ceux
de leurs frères, de leurs chers parents, de leurs amis ;
oh! inconscience humaine, oh! tyrannie monstrueuse!
Les arméniens restés vivants s'étaient réfugiés en
dernier lieu dans l'église des Jésuites, dans la salle
des protestants et chez M
r
Chambres, sujet anglais.
Les bourreaux impitoyables qui ont surpassé Néron,
riaient du malheur des Arméniens et pour bien
accomplir leur programme jusqu'au bout, y mirent
aussi le feu. Les Arméniens essayèrent en vain de
sauver l'église des Jésuites, mais i l n'y avait pas
moyen d'organiser les secours nécessaires, car des
balles tombaient dru sur eux et deux personnes
moururent. Ainsi cette église fut aussi dévorée par
les flammes, et le dernier espoir des Arméniens
disparut à jamais. A l'approche de la mort terrible,
tout ce monde suppliait, priait à genoux et chacun
donnait un dernier baiser à ceux qui lui étaient chers,
avant la séparation éternelle. — La peur des flammes
décida ces pauvres gens à sortir de là et à courir
mourir ensemble au palais du gouverneur. — On
Fonds A.R.A.M