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L E S T U R C S ONT PASSE L A .
mettre un terme aux troubles. Le peuple s'était réfu–
gié affamé et dénué de tout, dans les églises et écoles
arméniennes, dans l'église arméno-catholique et dans
la salle des protestants arméniens. — La municipa–
lité locale se chargea de distribuer le pain quotidien,
juste de quoi ne pas mourir de faim. Les églises
étaient tellement bondées de monde qu'une épidémie
était à craindre, et les autorités obligeaient le monde
à se disperser ; mais malheureusement le peuple
avait perdu confiance, d'autant plus qu'une feuille
locale «
lttidal
»
surexcitait les Turcs contre les Ar–
méniens et donnait ainsi lieu à craindre un second
massacre. Le calme dura ainsi quelques jours dans
cet état incertain. Dimanche, le 12/25 avril on a pu
circuler librement dans les rues, malgré les observa–
tions injurieuses que lançait la basse populace. Dans
l'après-midi, vers les 9 heures à la turque, un trouble
important commença du côté du marché. La frayeur
des Arméniens était inénarrable, parce que, cette
fois-ci, ayant été désarmés par le gouvernement, i l
leur était impossible de se défendre comme i l faut ;
aussi tout le monde se réfugia dans les églises, prêt
à être égorgé comme des moutons. La fusillade s'ac–
centua, les
bachi-bozouks
et les soldats arabes des
environs vinrent se joindre à la populace. La frayeur
dans les églises était indéfinissable, les lamentations,
les pleurs et cris des femmes et des enfants fendaient
le cœur. D'un côté la fusillade continuait, d'autre
part les flammes attaquaient tout et montaient vers
le ciel. Tous les endroits où les Arméniens se
réfugiaient étaient livrés au feu. L'école de Mou-
chegh, l'église Saint-Etienne étaient environnées de
flammes ; ceux qui s'y trouvaient essayèrent alors de
Fonds A.R.A.M