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L E S TDItCS ONT PASSÉ L A .
ne pourrait décrire que bien imparfaitement la déso–
lation des femmes et leurs cris désespérés. Tous sans
exception, vieillards, femmes, enfants, jeunes gens
eurent donc recours aux autorités ; malheureusement
pendant le chemin à parcourir les soldats et les agents
de police fouillaient ces malheureux, sous prétexte
de chercher des armes, et faisaient ainsi disparaître
leur argent et leurs montres, tout comme ces bandits
qui dévalisent les cadavres.
La vaste salle du palais n'avait pas de place libre,
tant on y était serré ; les employés du gouvernement
et les
bachi bozouks
lançaient des regards sournois
qui désespéraient davantage ce pauvre peuple.
Nous restâmes une heure durant dans cet état, et
nous pûmes voir de là que les agents de police
démolissaient l'arc de triomphe dressé le 11/24 Juil–
let 1908 en l'honneur de la Constitution.
Un instant nous eûmes peur, croyant que l'ancien
régime était revenu, surtout quand le vali ordonna
au peuple de crier par trois fois : «
Vive le Sultan ».
C'était la première fois que je voyais un être qui se
disait un homme et qui se moquait du malheur
humain ; je veux parler du Vali d'Adana, ce monstre
qui est un des organisateurs et chefs des massacres
d'arméniens. Tous les arméniens, désespérés se
trouvaient dans une misère noire et le vali souriait
du haut de son palais. Ce fait m'a rappelé Néron qui
s'amusait à organiser impitoyablement des incendies
et des massacres. — Après quatre heures d'attente
dans les jardins du palais, ordre fut donné aux armé–
niens de se disperser, mais où? I l ne restait plus de
maisons arméniennes, les églises étaient brûlées. —
Le consul anglais qui eût connaissance de ces faits
Fonds A.R.A.M