— 84 —
«
an ; quand on songe qu'ils affligent non pas
«
quelque t r i b u sauvage du centre de l'Afrique,
«
que sa grossièreté même préserve dans une
«
certaine mesure contre la douleur, mais une
«
des races les plus hautement civilisatrices, ad-
«
mirablement douée pour tous les arts de la
«
paix ; quand on songe que cette jeune fille,
«
dont parle un témoin, q u i a vu onze de ses
«
parents, toute sa famille massacrée, a reçu
«
l'éducation dans nos écoles ; quand on pense
«
que ce mobilisé arménien, revenant en per-
«
mission à son foyer, qu i trouve sa maison
«
occupée par des Turcs et les petits cadavres
«
mutilés de ses enfants gisant le l ong de l ' Eu -
«
phrate ; quand on pense que cet homme est
«
un médecin de notre Sorbonne ; quand on
((
pense que ce n'est pas f i n i , qu'à l'heure même
<( où nous sommes réunis, les mêmes tueries se
«
répètent sur toute la surface de l'Arménie et
«
que ce sont des êtres à face humaine qu i orga-
«
nisent ces choses, que dire si oe n'est qu'on se
«
sent épouvanté d'être homme ! » ( i ) .
C'est le consul général d'Italie à Trébizonde,
M. Go r r i n i , témoin oculaire du massacre des
Arméniens de cette ville, qu i , se sentant impu i s –
sant à décrire les scènes de carnage auxquelles
i l assista, s'est écrié :
(
i ) Discours prononcé à la Grande Manifestation en
l'honneur de l'Arménie, dans le grand amphithéâtre de
la Sorbonne, k
9
avril
1916.
Fonds A.R.A.M