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par suite de la guerre et livré à toutes ses mau –
vaises passions déchaînées, plus de deux m i l –
lions de Turcs et de Kurdes mobilisés, les portes
des prisons grandes ouvertes devant les condam–
nés de droit c ommun à qui des armes ont été dis–
tribuées, la haine séculaire et le fanatisme ani–
mant toute cette foule barbare qu'on a sermon–
née et surchauffée par la déclaration de la
guerre
sainte
aux « chiens de chrétiens » , un
gouvernement de cannibales qu i tient admira–
blement tous les fils du complot — du crime —
entre ses mains et q u i est décidé à réaliser ses
projets d'extermination des races qu i ne veulent
pas se « turciser » ; de l'autre, un peuple chré–
tien raffiné,
complètement
désarmé
et sans
pro–
tecteur,
mis au ban de l'humanité et traqué
comme une bête sauvage et que l'on fait mou r i r
peu à peu par le fusil et par le yatagan, par le
feu et par l'eau, par l'infamie et par l'outrage.
C'est là « une abomination q u i a beau être vraie,
vraie, vraie, elle reste invraisemblable, impos–
sible même pour l'imagination du plus déséqui–
libré», s'est écrié M. Emile Doumergue.
(
Confé–
rence
sur
l'Arménie,
le
16
janvier
1916.)
C'est M. Paul Painlevé, dont tout le monde
apprécie la haute conscience, qu i a déclaré :
«
I l est des horreurs que notre imagination
«
se refuse à concevoir. Quand on songe que ces
«
crimes s'accomplissent impunément depuis un
Fonds A.R.A.M