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de la disparition n'avait pas sonné pour cette
vieille nation. On frémissait à la pensée que
l'Arménie pourrait se changer en un immense
cimetière. Le tombeau s'ouvrait pour enterrer
tout un peuple.
Une tempête effroyable, d'une intensité et
d'une puissance jusqu'alors inconnues, s'était
abattue sur notre pauvre population sans dé–
fense. On aurait d i t que toutes les forces infer–
nales s'étaient liguées pour la perdre. Jamais
le mot célèbre de Shakespeare :
Etre
ou ne pas
être
n'avait trouvé une si juste application que
dans ce cas. I l fallait vraiment que la race pos–
sédât une énergie prodigieuse pour faire face à
la catastrophe et pour survivre.
Le doute était donc permis.
OEUVRE DE SANG INIMAGINABLE
U n homme civilisé, un Européen, ne peut se
faire une idée des horreurs, des souffrances qu'a
subies le peuple arménien pendant ces
Années
Terribles.
Aucun écrit, d'ailleurs, ne peut rendre
l'affreuse réalité. Même nous, Arméniens, qu i
avons été atteints dans nos plus chères affec–
tions, c'est avec peine que nous saisissons toute
la tragédie.
En effet, pouvez-vous vous figurer ? d'un
côté, un grand pays fermé au monde extérieur
Fonds A.R.A.M