turbateurs établis à l'étranger » , se trompent
lourdement. I l faut j uge r les faits dans leur con–
tinuité, leur enchaînement logique en les situant
dans le temps et l'espace. Les événements his–
toriques ne peuvent être étudiés
abstraction
faite du milieu économique, social et politique
qui les a produits. De même, on ne peut se pro–
noncer sur le mouvement révolutionnaire armé–
nien, qu i a joué un si grand rôle dans ces trente
dernières années de notre histoire, sans l'exa–
men des causes profondes qu i l'ont créé.
<( Ou bien l ' on condamne toute révolution, ou
bien l ' on doit se demander, à l'égard des révo–
lutionnaires, pour quel motif ils agissent et si
la misère de leur peuple ne justifie pas leur con–
duite » , déclare le docteur Johannès Lepsius ( i ) .
Ce sont ces motifs qu'a cherché à établir un
grand diplomate français, qu i a saisi le sens,
le caractère éminemment
national
du mouve–
ment révolutionnaire arménien.
Ce juge impartial, c'est M. Paul Cambon,
l'ambassadeur de la République française à
Constantinople. Voici ce q u ' i l écrit à son gou–
vernement en date du
20
février i8ç4 :
« ...
Depuis plus d ' un an, l'Arménie propre–
ment dite (les six vilayets) et les provinces vo i –
sines sont le théâtre d'événements graves. La
Porte, dans une récente circulaire à ses amhas
(1)
Rapport secret sur les Massacres d'Arménie,
p.
307
Fonds A.R.A.M