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Le Conseil National Arménien de Constanti–
nople protestait en vain auprès de la Porte q u i
faisait la sourde oreille. Le peuple de la pro–
vince se mourait d'une mo r t lente et sûre. Les
dirigeants arméniens ne voyaient le salut que
dans l'autonomie. Pourtant, ils n'étaient n i ré–
volutionnaires n i agents russes. Ils ne poursui–
vaient pas moins le grand rêve de l'Arménie
libre, qu'ils avaient cru un moment si près de
se réaliser.
NOUVELLE ERE DE SOUFFRANCES
Cependant, la date de
1878
eut une grande
importance en ce qu i concerne les rapports
entre Turcs et Arméniens.
Le fait même que les Arméniens se p l a i gn i –
rent devant l'Europe des souffrances qu'ils
enduraient et réussirent ainsi à faire de leur
question un problème international donnant
droit aux Puissances signataires du Traité de
Berlin à s'immiscer dans les « affaires intérieu–
res » de l'Empire, m i t en fureur les gouver–
nants de la Turquie, dont le trône venait d'être
occupé par le sinistre Abdu l -Hami d .
Une ère de sauvagerie sans précédent allait
donc commencer ; les Turcs ne pouvaient pas
pardonner aux Arméniens le réveil de leurs aspi–
rations nationales. Ils trouvaient extraordinaire
que le peuple arménien, ce
raya,
ce
giavour
ne
Fonds A.R.A.M