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D'autre part, faire dater la question armé–
nienne de
1877,
de la guerre russo-turque et
attribuer à ses origines des causes purement
poiitiques, voire même des causes totalement
étrangères au pays, c'est une hérésie historique
condamnable.
La question arménienne existe en
fait,
du j ou r
où le dernier des royaumes arméniens succomba
sous les coups des hordes touraniennes, vers le
milieu du quinzième siècle, c'est-à-dire du j ou r
où elle a perdu complètement son indépen–
dance. Tous ceux qu i prétendent que « j us –
qu'avant
1877
l
e s
relations des Arméniens et des
Turcs étaient empruntées d'une grande amitié »
ou d'une grande confiance ne voient que la
face des choses. Ils ignorent, ou font semblant
d'ignorer, que ces fameuses relations n'étaient
autres que celles qu i peuvent exister entre le
seigneur dominateur
et
l'esclave dominé,
entre
le maître et le « raya »
( 1 ) .
Avant comme après
1877,
la nation entière
gémissait sous le poids de l'oppression turque.
(1)
M . Zarzecki, ancien consul de France' à Van, dans u n
article intitulé « La question kurdo-arménienne »
(
Revue
de Paris
du i 5 avril
191
k),
écrit les lignes suivantes qu i
sont très caractéristiques :
<( Les rapports entre Kurdes et Arméniens étaient ceux
des seigneurs à serfs ; les Arméniens travaillaient, les
Kurdes les protégeaient. Habitués à cet état de choses
depuis des siècles, les Arméniens ne s'imaginaient pas
q u ' i l pût en être autrement. »
Fonds A.R.A.M