Ce qu'on se plaisait à appeler le « milleti sa-
dika » (la nation fidèle), n'était autre qu'une
vache nourricière de l'Etat ottoman, pour la–
quelle on n'avait aucun égard.
La domination turque fut pour le peuple ar–
ménien une période noire. Mais, dès le début du
dix-huitième siècle, l'idée de l'indépendance
arménienne ressuscita dans les esprits. Israël
Or i en f ut l'incarnation et le champion i n f a t i –
gable.
Les régions particulièrement montagneuses
de l'ancienne Arménie, qu i avaient gardé une
demi-souveraineté (Kajrabagh, Sassoun, Zéï-
toun) s'insurgeaient souvent.
Le mouvement de renaissance intellectuel et
patriotique qu i commença au début du dix-neu–
vième siècle, aboutit à la conquête de la charte
d'une Constitution nationale (i863), qu i garan–
tissait une certaine autonomie aux Arméniens
dans le cadre de l'Empire.
Le « milleti sadeka » n'était donc point satis–
fait de sa situation misérable et cherchait à allé–
ger le j o u g qu i pesait sur ses épaules, en atten–
dant le j our où i l pourrait réaliser son idéal : se
constituer en peuple libre.
Les nations chrétiennes de l'ancienne Turquie
d'Europe ont déjà réalisé cet idéal. I l suffit de
jeter un coup d'œil sur leur histoire, pour se
Fonds A.R.A.M