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nous rappelle, — sauf une distinction dans les
intentions — celui des j ournaux jeunes-turcs de
Constantinople, q u i , lors du passage de la com–
mission américaine d'enquête dans la capitale
turque, ne manquaient pas de
isarcasmes
sur les
déclarations de ladite commission, au sujet de la
création d'une Arménie indépendante, qu'ils
qualifiaient : « La République des morts » ( i ) .
Cette appellation sinistre faisait allusion à cette
parole de Lord Rryce et de M. Emile Doumergue,
doyen de la Faculté protestante de Montauban :
«
Dans une nation qu i ressuscite, les morts ne
sont pas les moins vivants. »
(
L'Arménie,
les
massacres et la question d'Orient,
p.
195).
Nous ne nous attarderons pas sur cet aspect
douloureux du problème, bien que nous ayions
le droit de réclamer pour que le crime ne béné–
ficie pas d'une prime, en sanctionnant la « situa–
t i on de fait » qu ' i l a créée.
Le professeur Charles Richet, Président d u Comité
français pour l'Arménie, a répondu avec éloquence à cette
question : <c I I n ' y a pas à proprement parler de pays
arméniens, en d'autres termes, i l n ' y a pas d'Arménie,
l'Arménie n'existe pas !... Est-ce parce q u ' i l n ' y a plus, d i t -
o n , assez d'Arméniens ? Cela équivaudrait à dire q u ' i l
existe u n chiffre au-dessous duquel u n peuple n'a pas le
droit d'être libre. Aucune arithmétique ne peut fournir
u n pareil critérium. En fait, quel était le chiffre des popu-
( 1 )
«
Si le b u t de créer une Arménie dans nos provinces
orientales tend à constituer une république des morts, les
musulmans doivent également compter les morts avec les
vivants. »
Mémléket
(
journal turc de Constantinople), d u
3
août.
C
Fonds A.R.A.M