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sa maison des Arméniens, serait pendu.
On était autorisé de garder des femmes
seulement, sans enfants, et comme servantes.
J'étais dans la dernière caravane qui sor–
tait de la ville ; nous savions qu'on nous
conduisait à la mort. Après deux heures
de marche, on nous fit arrêter au pied d'une
Colline. Les Turcs amenaient des femmes
par groupes vers les hauteurs. Nous ne,
savions pas ce qui se passait là-bas. Mon
tour aussi arriva ; tenant par les mains
mes deux enfants, je montais le calvaire.
Horreur ! I l y avait là un puits largement
ouvert où les bourreaux jetaient immédia–
tement les femmes qu'ils poignardaient.
J ' a i reçu un coup d'épée sur la tête, un
autre sur la nuque ; mes yeux se voilèrent
au moment où j'étais précipitée dans le
puits avec mes enfants. J'étais sur un tas
de cadavres humides de sang. L a blessure
que j'avais à la tête saignait et j'avais la
figure ensanglantée.
J'eus à peine la force de me traîner vers
une cavité du puits, où je perdis connais-
Fonds A.R.A.M