avec mes cinq enfants, dont trois mouru
rent en route et les deux autres à Deïr-
el-Zor. Au début, on nous laissa tranquilles,
mais le Mutessarif étant destitué, le monstre
Zéki l u i succéda et les massacres de 1916
commencèrent.
Comme i l n'était pas aisé d'assassiner
une cinquantaine de mille d'Arméniens à
la fois, d'autant plus que deux femmes de
Zeïtoun avaient tué quatre Tchétas pour
se défendre, les Turcs groupèrent sépa–
rément les Arméniens afin de prévenir
toute nouvelle tentative.
Une fois par semaine, des groupes de
trois à quatre mille Arméniens, sous prétexte
de les transporter ailleurs, étaient éloignés
de la ville et exterminés. Le fleuve Mourad
fut comblé de cadavres ; une escorte de
soldats-ouvriers fut appelée sur les lieux
pour dégager le fleuve dont le cours se trou–
vait arrêté. Les enfants de ces martyrs furent
assemblés dans un orphelinat ; ils étaient
au moins 6.000. Des crieurs publics avertis–
saient que tout Arabe qui aurait abrité dans
Fonds A.R.A.M