grecque et nous fûmes ainsi séparées. Le
lendemain même, ma pauvre maman devait
prendre la route de l'exil ; depuis je n'ai
jamais pu avoir de ses nouvelles...
Le gouvernement ne tarda pas à nous
enlever de nos refuges ; nous vivions dans
une terreur continuelle, on nous classait
comme de vils esclaves d'après nos âges
et notre beauté physique. Nous étions sous
la surveillance des Turcs qui nous gardaient
affamés. Plusieurs des enfants en bas âge
moururent sous nos yeux. Les garçons de
6
à 7 ans furent envoyés à une destination
qui nous est restée inconnue. Plusieurs de
mes compagnes étaient déjà envoyées dans
des familles turques où elles étaient adoptées
comme servantes.
Mon tour v i n t et avec une amie je fus
conduite dans la maison d'Azmi-bey, le
sinistre vali de Trébizonde. Mon amie y
mourut par la maladie ; une autre fillette
l u i succéda. On nous faisait travailler impi–
toyablement jour et nuit. Les trois enfants
d'Azmi-bey nous traitaient en esclaves»
a
Fonds A.R.A.M