avec une telle hâte que nous avions
perdu tous nos misérables bagages. Une
pluie torrentielle nous surprit. L a diarrhée
commença à sévir et nous laissions conti–
nuellement en route des morts q u i étaient
dévorés par les chiens U n jour, les Turcs
emportèrent les vieillards q u i étaient restés
dans nos caravanes, pour les massacrer.
Pendant notre horrible voyage on ne nous
laissait jamais entrer dans les villes ; nous
passions toujours par les montagnes, les r a –
vins et rarement par les villages. Partout
la population turque nous traitait avec
haine et mépris. Les gendarmes qu i nous
accompagnaient faisait souvent arrêter la
caravane en route et, choisissant quelques
personnes, faisaient des essais de t i r pour se
distraire. Des Tchétas nous attaquèrent
souvent pour violer et pour tuer, et p l u –
sieurs femmes de notre caravane étaient
arrivées à u n t e l paroxysme de désespoir
qu'elles tuaient leurs propres enfants en
bas âge ou les jetaient dans les précipices ou
dans le fleuve.
Fonds A.R.A.M