D'une lettre de H. Merguérian, envoyée
d'AIep.
...
Partis d'Adana, pendant que nous mar–
chions des journées entières sous un soleil
accablant d'été, tourmentés par la soif,
les Turcs nous empêchaient de boire, même
quand, à bout de force, nous voulions boire
les eaux stagnantes des marécages. Un verre
d'eau nous était vendu à cinq livres turques.
Les dents en or étaient arrachées. Ces bour–
reaux impitoyables n'hésitent pas à fouiller
dans les entrailles des femmes avec l'espoir
d'y trouver de l'or... Les malades sont recou–
verts de neige, car c'est l'hiver; des surveil–
lants de déportation, prétextant un départ
prochain, viennent détruire les tentes, de
sorte que les malheureux déportés restent
sans abri.
Je peux citer sans fin de pareilles histoires.
I l y eut des parents qui mangèrent le cadavre
de leurs enfants. De petits affamés se dispu–
taient un grain d'avoine dans les excré–
ments des bêtes. Toutes les routes étaient
Fonds A.R.A.M