I l noua était défendu de nous désaltérer:
L a rivière coulait tout près de nous, mais
malheur à celle q u i se penchait pour étancher
sa soif ! La balle d'un gendarme la terrassait
aussitôt. Ce n'est qu'arrivés auprès d'un
puits, que les gendarmes consentaient à nous
fournir à boire, mais à quelle condition !...
Ils faisaient descendre d'ignobles torchons
dans le puits pour les tremper ; puis ils les
pressaient dans une tasse et le contenu était
vendu à cinq livres turques.
A Arabkir, tout le quartier arménien
était en ruines ; partout des cadavres q u i
dégageaient une odeur insupportable ! L a
majeure partie de la population avait été
massacrée dans l'église où les Turcs les
avaient préalablement réunis. Leurs lamen–
tations, leurs cris de douleur s'étaient éle–
vés jusqu'aux cieux, mais les cœurs endur–
cis de leurs bourreaux étaient restés inexo–
rables. Ces martyrs laissaient ces mots à
l'humanité qu i leur survivrait : « On nous
écorche, on nous crève les yeux, on nous
arrache la langue avec des tenailles, on nous
Fonds A.R.A.M