sortir de force les habitants ; les femmes, les
enfants et les vieillards furent malmenés
impitoyablement. C'est ainsi que sous les
menaces, les insultes des gendarmes, nous
fûmes conduits à Déïrmin-déreh.
Je n ' a i jamais revu n i mon ma r i , n i mon
fils. Les Turcs les emportèrent et les massa–
crèrent, et j'ignore où... E t penser que mo n
fils, étudiant à Paris, était venu auprès de
nous pour passer ses vacances !
Notre caravane comptait trois mille per–
sonnes. Après six jours de marche elle arriva
à Daldaban-Gumuchkaneh ; au cours de ce
voyage, les Turcs nous avaient pillés; arrivés
à l'étape, les gendarmes et les policiers
armés jusqu'aux dents nous attendaient.
Nous fûmes emprisonnés dans une écurie où
les chefs des « tchétas » (brigands organisés
et soutenus par le gouvernement) vinrent
nous tourmenter par tous les moyens : les
femmes furent fouillées et plusieurs violées.
Le lendemain nous nous mîmes en route
et chaque j ou r faisant une randonnée de
10
heures, affamés, en loques, nous a r r i -
Fonds A.R.A.M