P O U R L'ARMÉNIE
tiles de négociations, après trois démarches du supérieur
du couvent, et six lettres émanant de lui ou de l'évêque
Khosrow Berighian, celui-ci, au péril de sa vie, pénétra, le
premier décembre, dans le monastère, accompagné de
deux commissaires de la police turque et de quelques autres
personnes.
L'évêque et sa suite furent d'abord enfermés, puis Antra-
nik se présenta, portant la décoration du Medjidié enlevée
à Khalil Beshir, dont i l se déclara le meurtrier.
Puis i l ajouta :
i° Que lui et sa bande n'étaient pas des rebelles, mais
qu'ils défendaient leur vie et celle de leurs compatriotes,
victimes des Kurdes ;
2
a
Qu'ils n'avaient jamais pillé de village, attaqué de cour–
riers, tué des gens inoffensifs ;
3
° Qu'ils avaient exécuté Khalil Beshir et trois autres
Kurdes, auteurs de meurtres à Chouchnamark ;
4"
Qu'au contraire
—
et i l fît une énumération complète
—
les Kurdes avaient commis d'innombrables pillages, viols,
meurtres et massacres, tant dans les villages de Moush que
dans ceux du Sassoun ;
5
° Qu'ils reconnaissaient l'autorité du Sultan; mais qu'un
seul Sultan suffisait et qu'ils n'en voulaient point avoir
d'autres dans la personne dès chefs kurdes, disposant
comme autant de sultans de la vie et des biens des Armé–
niens, levant l'impôt pour leur compte et faisant la loi à
leur gré ;
6
° Qu'ils se rendraient si on leur garantissait la sécurité
pour eux-mêmes et pour les Arméniens du pays.
L'évêque Berighian quitta alors le couvent et, rentré à
Moush, communiqua au gouverneur général, au comman–
dant militaire, et aux consuls anglais et russe les déclara*-
tions d'Antranik, qui ont été consignées dans un rapport
écrit.
Les autorités turques allaient l u i envoyer une seconde
ambassade quand on apprit, dans la matinée du
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décem-
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Fonds A.R.A.M