Pierre Quillard
bre, qu'il avait quitté le couvent avec toute sa bande, pen–
dant la nuit précédente. Deux de ses compagnons avaient
été tués pendant le siège ; deux soldats turcs avaient été
tués, deux blessés.
Les audacieux coups de main de tels hommes don–
nent parfois à réfléchir aux ministres européens quand
ils en ont connaissance: c'est évidemment à Antra–
nik et au rapport ci-dessus que M. Delcassé faisait
allusion dans son discours du
20
janvier
1902
quand il
disait :
Il semble fatal que des populations dont ou continuerait
à laisser impunément piller les biens ou qui ne cesseraient
pas de se voir exposées à des attentats, à des meurtres trop
souvent impunis finissent par se dire que tout vaut mieux
que la vie sous le cauchemar d'une hécatombe.
Le ministre des affaires étrangères n'ignorait pas non
plus que les Arméniens révolutionnaires ne limitaient
pas leur action à l'Arménie seule et que même en Eu–
rope ils collaboraient volontiers avec quiconque entre
en lutte contre le régime hamidien. C'est ainsi qu'en
plusieurs circonstances les Arméniens se sont associés
aux bandes macédoniennes: une preuve directe de
cette entente fut donnée, lors de la quadruple pen–
daison d'Andrinople.
Fonds A.R.A.M