ville et reconstitua l'organisation menacée. Aussitôt,
au plus fort des persécutions de Khossrew, le premier
acte de terrorisme fut exécuté. Les arrestations avaient
été opérées sur les dénonciations d'un espion arménien,
Sahag Pakradonni : celui-ci fut attaqué en plein jour,
au bazar, et abattu à coups de revolver.
Peu après, comme pour donner raison à ceux qui
espéraient une intervention étrangère, le collège des
filles, à moitié construit, fut incendié dans des circon–
stances inexpliquées, mais que l'on dirait provi–
dentielles.
Cette fois, M. Jewett, consul des États-Unis à Sivas,
accompagné de M. Newberry, attaché à la légation de
Constantinople, accourut à Marsevan, pour faire une
enquête : on accusait Khossrew d'être l'auteur ou l'insti–
gateur de l'incendie ; les antécédents du personnage —
c'était un ancien bandit — rendaient l'opinion probable.
Une commission composée des deux Américains et de
fonctionnaires turcs émit un avis peu favorable au
commandant de gendarmerie, qui fut rappelé à Sivas ;
en outre Gueuckman Tchavouch,chef de la gendarmerie
de Marsevan, fut destitué ainsi que ses principaux
acolytes et l'ambassade obtint, à titre d'indemnité,
une somme de 5^5 livres.
Un grand nombre d'Arméniens, dont Vahram, furent
arrêtés, et une cinquantaine transportés à Angora, où
on les jugea. Cependant le comité ne restait pas inactif
et procédait à la suppression des Arméniens qui
s'étaient faits espions et délateurs. Ainsi furent assas–
sinés successivement le notable Kérimlian, Miguir,
Chahbender, Mardiros Miridjanian et d'autres, tous
en plein jour et avec une telle audace que le gouver-
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IV.
Fonds A.R.A.M