Pierre
Quillard
des Arméniens. Gomme i l ne pouvait rien contre eux,
i l arrêta du moins les deux professeurs arméniens du
collège, MM. Thoumayan et Kayayan. Circonstance
aggravante : ceux-ci avaient fait, pendant les vacances,
un voyage à Césarée, et avaient ainsi passé dans plu–
sieurs des villages où avaient été placardées les affiches
séditieuses. Khossrew pacha obtint par la torture des
dénonciations de prisonniers de Césarée contre les
professeurs Thoumayan et Kayayan et leur ût même
attribuer la rédaction d'une lettre saisie à Césarée,
lettre écrite de la main de Vahram, qui contenait des
instructions pour l'affichage.
Mais i l n'existait en réalité aucune preuve valable
contre les deux accusés, et on espérait que les mis–
sionnaires interviendraient en leur faveur et met–
traient en mouvement la légation américaine. I l n'en
fut rien. Les missionnaires s'abstinrent de toute
démarche et firent même tout ce qu'ils pouvaient, avec
une sorte d'ostentation, pour repousser une solidarité
quelconque avec deux hommes parfaitement inoffensifs
et innocents. Ils menacèrent de renvoi les élèves qui
s'agitaient en faveur de leurs maîtres et leur repro–
chaient leur indifférence.
On sait que MM. Thoumayan et Kayayan furent
condamnés à mort, après avoir subi en prison les pires
traitements ; mais ils avaient des parents en Europe, et
ceux-ci parvinrent aies sauver au derniermoment, grâce
à une démarche de l'ambassadeur anglais : à cette époque
l'opinion publique était fort éveillée en Angleterre.
Le comité de Marsevan était menacé néanmoins de
dissolution. Le chef hentchakiste Chmavon, qui était
un héros légendaire en Asie Mineure, vint dans la
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